Michael Connelly - The Hollywood Reporter (Octobre 2023)

En octobre 2023, Michael Connelly a répondu aux questions du magazine The Hollywood Reporter. Cette interview traduite par nos soins, est disponible dans sa version originale sur le site de THR.

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Bosch : Legacy, la série dérivée, entame sa deuxième saison après les sept saisons de la série originale. Lorsque vous avez commencé à écrire vos livres sur le personnage, et qu'ils sont devenus des best-sellers, aviez-vous imaginé que cela deviendrait un jour une franchise à l'écran ?

Pas vraiment. Il faut être honnête : les écrivains ont un ego et, à un moment donné, que ce soit au plus profond d'eux-mêmes ou que je ne le crie pas haut et fort, j'ai eu le sentiment que j'avais quelque chose à dire par écrit et que les gens devaient le lire. C'est une chose très égoïste, et je ne peux donc pas dire que lorsque j'écrivais ces livres, je ne me suis jamais dit : "Cela ferait une bonne série télévisée". Mais j'étais également conscient que cela n'arriverait jamais. Et vous savez, je n'ai pas fait sensation du jour au lendemain. Il m'a fallu plusieurs années d'écriture de livres pour vraiment faire parler de moi.

La vraie réponse est donc non, mais j'avais de l'espoir. Et le fait que cela se soit produit 20 ans plus tard, je pense que cela a rendu l'expérience plus satisfaisante, mais aussi plus surréaliste et totalement joyeuse, c'est certain.

Quelle est la différence entre Bosch et Bosch : Legacy ? Nous savons que Bosh a quitté la police dans la série originale et qu'il est maintenant détective privé, et que sa fille, Maddie, a rejoint la police, mais la nouvelle série sera-t-elle très différente de la série originale ?

Nous disons qu'elle a le même ADN, mais il est évident que nous sommes passés d'une série à une autre très consciencieusement. Nous avons commencé avec Freevee en disant que nous voulions faire un spin-off, mais nous voulons élever Maddie Bosch et "Money" Chandler sur un pied d'égalité avec Bosch. Cela change donc immédiatement la philosophie de la salle d'écriture. Notre tâche consiste donc à trouver des histoires disparates qui finissent par s'entremêler et à trouver des scènes où ils sont tous les trois ensemble, même si l'une est un policier débutante, l'autre un détective privé et la troisième une avocate. Comment pouvons-nous les faire jouer ensemble dans chaque épisode ?

Bosch, pendant sept saisons et la majeure partie de sa vie, a été protégé par le pouvoir et la puissance de l'État. Il portait un badge, il portait une arme. Aujourd'hui, c'est un outsider qui regarde à l'intérieur. C'est un changement de personnage important et nous avons apprécié cette transition.

Utilisez-vous toujours les livres comme cadre ?

La colonne vertébrale de chaque saison est généralement un livre et celui-ci [pour la deuxième saison de Bosch : Legacy] est The Crossing. Mais à ce stade, nous nous éloignons des livres et nous inventons de nouvelles choses. Je ne sais pas ce qu'ils vous ont permis de voir, mais vous savez que les deux premiers épisodes, où nous résolvons le cliffhanger de la saison dernière, ne sont pas tirés d'un livre.

Avant de devenir un auteur de livres à succès, vous étiez journaliste, n'est-ce pas ?

Oui, et il y a eu quelques chevauchements, mais j'ai été journaliste dans le sud de la Floride et à Los Angeles pendant 14 ans. Pendant une grande partie de ces années, j'écrivais de la fiction la nuit. Je couvrais les flics, j'ai donc passé beaucoup d'années à travailler la nuit. J'avais une équipe d'écriture à la maison et j'ai écrit quelques livres qui n'ont jamais abouti, mais qui ont été des expériences d'apprentissage. J'ai dû les écrire pour écrire celui qui a été publié en premier. Il y a donc un chevauchement important et c'est avec mon quatrième livre que j'ai pu au moins quitter mon travail de jour, mon travail de journaliste, avec l'idée que je gagnais assez d'argent pour pouvoir passer trois ans et, si je n'avais pas vraiment le déclic, je pourrais retourner au journalisme si on me le demandait.

Parlons de Titus Welliver. Saviez-vous dès le départ qu'il serait parfait pour le rôle de Bosch ?

J'en avais l'intuition. Je veux dire, je n'avais aucune expérience... non, je n'en avais pas zéro - j'ai été le créateur d'une série dans les années 2000 - mais je n'étais pas dedans et je n'en faisais pas partie. C'était comme si j'avais une idée. C'est devenu une série de courte durée et a débuté face à une série appelée CSI, qui l'a rapidement tuée après environ sept épisodes.

Mais j'avais très peu d'expérience, alors quand nous avons décidé avec Amazon de faire cette série, nous avons fait appel à des vétérans. Je pense que c'est l'une des clés du succès de la série. Et lorsque nous nous sommes tous réunis pour parler de la décision la plus importante : qui est Harry Bosch ? J'avais lancé le nom de Titus parce que je l'avais vu dans quelque chose et j'avais compris qu'il savait très bien retranscrire le tumulte intérieur. Et si vous avez vu les deux premiers épisodes de la première saison, vous l'avez vu dans une performance étonnante.

Mais j'étais intimidé, parce que ce n'est pas mon monde. Je suis auteur de livres et j'ai levé la main en disant : "Et Titus Welliver ?". Je m'attendais à ce que les gens me rabrouent. Mais la réponse a été : "Nous l'adorons, mais il n'est pas sur notre liste initiale parce qu'il tourne un film à Hong Kong", l'un des films Transformers où il joue le méchant. Nous avons donc continué à parler à de très nombreux acteurs, organisé des auditions, etc. Mais nous ne trouvions pas Harry Bosch. Et cela a pris tellement de temps que nous avons appris que Titus revenait à Los Angeles.

Le vendredi de la sixième semaine, nous avons appris qu'il pouvait venir auditionner le samedi, ce qu'il a fait. Le lundi, nous avons annoncé à Amazon que nous avions trouvé notre Bosch !

Le personnage de Bosch continue d'avoir une grande longévité. Pourquoi pensez-vous que son personnage et ces séries ont trouvé un tel écho auprès du public de Prime ?

Pour autant que je sache, c'est la série la plus longue de l'histoire de la diffusion en continu, ou le personnage le plus long, devrais-je dire, parce qu'il est divisé en deux séries. Mais il s'agit évidemment du même ADN.

Il y a plusieurs choses : l'une est l'authenticité. Nous nous efforçons de créer ce monde aussi fidèlement que possible, avec l'aide de vrais détectives et procureurs. Et je pense que nous faisons confiance à notre public. Nous pensons que notre public est assez intelligent, qu'il a soif d'authenticité et qu'il y adhère lorsqu'il la voit. Et je pense que cela y est pour beaucoup.

Par ailleurs, il semble y avoir une sorte de fascination pour Los Angeles. Et comme une sorte de dernier recours ou l'idée que si quelque chose de bon ou de mauvais en termes de culture et de vie sociale se produit, cela pourrait commencer là ou être défendu là. Je parle donc davantage de mes livres, j'ai tiré profit de mes écrits sur Los Angeles en publiant des livres dans le monde entier, et je pense que cela se répercute sur l'émission.

Et nous sommes une série rare. Il faut huit jours pour filmer un épisode. Nous ne sommes généralement sur scène que deux jours, puis nous sommes dans la ville que nous essayons de présenter et de faire vivre. Beaucoup de gens y voient une lettre d'amour à Los Angeles. Je ne suis pas sûr que ce soit le cas, mais il est certain que nous voyons Los Angeles dans toute sa splendeur et dans tous ses aspects négatifs. Je pense que c'est intéressant pour les spectateurs.

Le dernier point concerne nos performances. Notre casting a été magnifique. Il n'y a pas eu de problèmes, pas de ratés ou quoi que ce soit de ce genre. Tous ceux que nous avons fait venir, à commencer par les grands rôles de Titus et Madison et Mimi Rogers, jusqu'aux petits rôles, ont été excellents. Et je pense que les gens reviennent pour le personnage.

Êtes-vous un amateur de jazz ? Ou bien, dites-nous comment le personnage de Bosch est devenu un si grand amateur de jazz ?

J'ai grandi avec cette musique à la maison. C'était la musique de mon père et puis, vous savez, il faut rejeter son père ou rejeter ses parents à un moment de sa vie (rires). J'ai donc emprunté la voie de la guitare et du blues. J'ai suivi un chemin différent, mais lorsque j'ai écrit ces livres, je me suis dit : J'utilise ce que je sais en tant que journaliste. Je fais de Bosch, comme je l'ai déjà dit, un représentant du pouvoir et de la puissance de l'État. C'est un initié, mais je voulais qu'il se sente étranger. J'ai donc pris toutes les mesures possibles pour qu'il se sente ainsi. Vous et moi, et mon père, sommes en quelque sorte uniques si le jazz est notre musique principale. De plus, il se trouve que mon père était atteint d'un cancer en phase terminale lorsque j'ai écrit le premier livre de Bosch ; c'est donc un clin d'œil que je lui ai fait. J'ai donné sa musique à Harry Bosch. Mais elle correspondait au personnage.

Comment les forces de l'ordre ont-elles accueilli la franchise Bosch ?

Je pense que c'est généralement positif. Nous couvrons une grande partie des aspects négatifs du travail de la police, mais au centre de tout cela, il y a un homme qui fonctionne selon le principe que tout le monde compte ou que personne ne compte. C'est une doctrine fondamentale d'équité que je pense que si tous les flics de la planète suivaient, nous n'aurions pas les problèmes que nous connaissons. Et je pense que tous les flics le savent au plus profond d'eux-mêmes.

La meilleure anecdote est que le chef de la police de Los Angeles, Michael Moore, m'a dit : "Vous avez changé l'esprit de corps de notre service." Cela nous a permis d'avoir accès à de nombreux endroits réels. Nous filmons dans de nombreuses installations du LAPD.