Sharat Raju - The Hollywood Reporter (Octobre 2023)

En octobre 2023, Sharat Raju a répondu aux questions du magazine The Hollywood Reporter. Cette interview traduite par nos soins, est disponible dans sa version originale sur le site de THR.

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Comment êtes-vous devenu membre de la famille Bosch ? Cela a-t-il commencé avec Bosch : Legacy ou avant ?

J'ai commencé avec Legacy, et je dois avouer que je n'ai pas regardé la série originale au départ. Et puis, je ne sais pas du tout comment j'ai trouvé du travail (rires), mais mon agent m'a peut-être dit : "Tu sais, cette série est intéressante pour toi, tu devrais la regarder." J'ai donc regardé la première saison et les premiers épisodes, et j'ai tout de suite accroché. Et puis j'ai fini par la regarder en entier parce qu'elle était tellement bonne !

J'ai vraiment adoré l'écriture. J'ai adoré The Wire, et cette série a beaucoup de points communs avec The Wire pour Los Angeles. Ils m'ont ensuite proposé de réaliser un épisode de la première saison et je me suis retrouvé dans la famille. Ensuite, j'ai pu réaliser les deux premiers épisodes de la deuxième saison, qui sont comme un petit mini-film. C'est ainsi que j'ai rencontré l'équipe.

Les deux premiers épisodes de la deuxième saison sont très intenses, même dans les cinq premières minutes, avec la scène d'enlèvement de Maddie Bosch (Madison Lintz) par le violeur masqué. Qu'est-ce qui a permis de chorégraphier cette scène et de la rendre sûre pour les deux acteurs impliqués ?

Ce qui est vraiment étonnant dans cette scène, d'un point de vue pratique, c'est que presque toutes les cascades sont réalisées par Madison. La façon dont nous l'avons préparée, les coordinateurs de cascades et les cascadeurs sont arrivés avec un concept et nous en avons parlé. Nous savions qu'elle était partie dans un coin de la pièce et qu'elle revenait ensuite pour enlever le bijou ; nous savions donc que nous avions un point de départ dans le cliffhanger. Nous voulions qu'elle soit surprise par derrière mais qu'elle se défende, parce qu'elle est flic, qu'elle est entraînée à se battre et qu'elle survit.

Mais nous voulions aussi qu'il y ait un moment où l'on se dise qu'elle va peut-être s'enfuir parce qu'elle est à la porte. Nous avons donc discuté de tous ces aspects avec le coordinateur des cascades. Puis ils sont partis et ont élaboré un plan. Nous l'avons ajusté. Puis ils l'ont montré à Madison et au cascadeur - parce qu'il porte un masque, ce n'est pas David Denman - David n'a qu'à enlever le masque, n'est-ce pas ?

Mais c'était un espace assez confiné. C'est un décor, mais c'est un très petit décor. Il n'y avait donc pas beaucoup d'endroits où aller. Ce qui signifie aussi qu'il n'y avait pas beaucoup d'espace où nous pouvions cacher un cascadeur pour Madison. Il fallait donc que ce soit elle. Et elle était tellement douée que cela n'avait pas d'importance. Nous l'avons utilisée pour pratiquement tout.

Madison fait donc tout le travail dans les espaces confinés lorsque son ravisseur la place dans le cercueil et l'enterre dans le désert de Mojave ? Est-elle claustrophobe ?

(Rires) Si c'est le cas, elle ne nous l'a pas dit ! Apparemment, elle n'a pas non plus peur des insectes ; c'était un vrai scorpion, nous avions, je crois, cinq ou six scorpions. Si l'un d'entre eux ne pouvait pas le faire, nous le remplacions par un autre.

J'imagine que cela a été fait sur un plateau de tournage ?

C'est exact. Ce n'était pas évident non plus. Parce que nous avions une boîte et qu'ils ont dû faire plusieurs versions différentes de cette boîte. Nous devions avoir l'illusion d'être à l'intérieur, n'est-ce pas ? Nous devions avoir l'impression qu'elle n'était pas sur une scène, donc nous avions une boîte dont le côté profil avait été enlevé, puis une boîte dont le côté supérieur avait été enlevé. Et puis nous avions aussi des portions de cette boîte, parce que c'est un peu une tricherie. En effet, la seule source de lumière est le tube respiratoire, mais nous devions la voir. Nous avons donc eu l'idée de doter la caméra elle-même d'une lumière. La lumière rouge était vraiment une excellente idée. Je ne sais plus qui en a eu l'idée, mais il y avait une sorte de combinaison qui donnait l'impression qu'elle était en enfer lorsque la lumière rouge s'allumait. C'est ce qui a motivé notre réflexion.

Elle est restée dans ces boîtes pendant 10 heures ! Elle est tellement douée ! Elle fait partie de la série depuis le début. Elle a grandi dans la série quand elle était adolescente, et maintenant elle est adulte. Il est donc évident qu'elle est très à l'aise et que c'est une excellente actrice. Elle s'est vraiment épanouie, je pense, depuis que Legacy a commencé à être une sorte de contrepartie du rôle de Titus Welliver.

Vous avez réalisé des épisodes de Law & Order, Esprits Criminels et d'autres séries policières. Quelle est la différence entre la réalisation de ces séries et celle de Bosch : Legacy ?

C'est une bonne question. Dans beaucoup de ces séries, les affaires se terminent en quelque sorte en un seul épisode, n'est-ce pas ? Surtout dans les séries comme Law & Order et Esprits Criminels, dans une certaine mesure. Esprits Criminels a parfois changé un peu dans la nouvelle version, mais ces séries, et NCIS aussi, ont toutes des affaires qui commencent, la star invitée arrive et les affaires se résolvent. Bosch, même de la version originale à Legacy, se rapproche davantage de ce à quoi ressemble la justice pénale : c'est plus lent, vous avez une affaire qui se déroule généralement pendant une saison et vous êtes confronté à une sorte de malaise administratif. Il faut souvent lutter contre l'inertie de l'administration et de la police municipales. Et c'est pourquoi le personnage de Bosch est si bon, parce qu'il veut vraiment que justice soit faite pour ces gens.

Ainsi, le rythme semble plus proche de ce qui se passe réellement, et Bosch a l'impression, je l'espère, qu'il y a quelqu'un qui fait ce qu'il fait dans le monde réel. Et comme on n'a pas l'obligation de conclure, on peut être un peu plus cinéphile et cinéaste dans la narration. Les réalisateurs sont très libres d'utiliser tous les outils dont ils disposent pour raconter la meilleure histoire possible.

Parlons de la réalisation de Titus. Vous avez eu quelques scènes très profondes dans ces deux premiers épisodes, notamment celle où Bosch doit se rendre à la morgue et potentiellement identifier un cadavre comme étant celui de sa fille qui a été enlevée.

Je suis heureux que vous en parliez. Lorsque j'ai reçu les scripts pour la première fois, je pense qu'il s'agissait de sa réaction à ce qu'il devait traverser et potentiellement voir que sa fille était peut-être morte, mais qu'elle ne l'était pas. Il était prévu qu'il réagisse avec un peu plus de colère, et je savais que ce n'était peut-être pas tout à fait juste, ou que j'avais une interprétation différente. Tom Bernardo, le scénariste, et moi-même avons commencé à discuter et il m'a dit que nous devrions impliquer Titus dès le début. C'était le début de la saison, donc les acteurs n'avaient pas encore commencé à travailler. Je savais que Titus jouait ce personnage depuis si longtemps qu'il avait un tel instinct, et qu'il était si doué pour puiser dans ses propres émotions en tant que personne, et aussi pour l'interpréter, qu'il allait avoir un avis sur la question. Et il aura quelque chose qui lui semblera juste. Son approche était donc : "Voyons ce qui se passe."

Nous n'avons fait qu'une seule prise, surtout lorsqu'il sort de la morgue et qu'il s'effondre. Il voulait juste avoir de l'espace pour ressentir. Je devais juste placer la caméra au bon endroit et le laisser se comporter. Nous avons fait cette seule prise, et c'était tellement bien. Mais bien sûr, je suis très gourmand et j'en voulais une autre. Il a été très honnête et m'a dit qu'il ne pensait pas pouvoir en faire une autre. Je pense donc que lorsque vous avez une scène avec un acteur qui va dans un endroit si profond et si déchirant, vous ne pouvez pas aller au puits autant de fois parce que ce ne sera plus aussi déchirant au fur et à mesure que vous vous éloignez de l'original.

Même en revenant à la scène où il retire le drap, dans mon esprit, c'était comme s'il le faisait lentement. Mais il a dit : "Non, je pense que je prendrais une respiration et que j'arracherais le pansement. C'est donc pour cela qu'il le fait rapidement, et qu'il le remet doucement sur la victime, c'est tout Titus. Ce n'était pas écrit comme ça, ce n'était pas moi non plus. Je n'y avais jamais pensé et puis il l'a fait, et je me suis dit : "Oh oui, c'est ce que Bosch ferait. Il serait soulagé, mais il aurait de la compassion pour cette autre victime, qui est cette inconnue."